dimanche 1 octobre 2017

A Laon, une adresse pour les demandeurs d’asile

Dès qu’ils arrivent à Laon, les demandeurs d’asile sont accueillis à la Croix-Rouge. C’est là où se met en place la domiciliation postale indispensable à leur dossier.


Jean-Pierre Cambien reçoit des demandeurs d’asile chaque mardi.

Mohamed Lamine a le regard un peu perdu. Ce Guinéen de 25 ans est arrivé sur le sol français début septembre, au terme d’un long périple à travers le Mali, l’Algérie et la Lybie, puis la traversée de la Méditerranée sur un bateau de fortune jusqu’aux côtes italiennes. « Toute ma famille est morte à cause du virus Ebola. Dans mon pays, je n’avais pas de travail, pas de famille », raconte le jeune homme, qui espère obtenir le statut de réfugié accordé par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).

Pour constituer son dossier auprès de l’Office, il est passé par la préfecture de Beauvais, qui centralise les demandes sur le périmètre de l’ancienne région Picardie. « Les demandeurs d’asile doivent avoir une adresse postale. Dans l’Aisne, avec Soissons, nous sommes deux comités de la Croix-Rouge à assurer cette domiciliation postale », explique Jean-Pierre Cambien, bénévole laonnois de l’association, chargé de l’accueil des demandeurs d’asile. « La plupart des demandeurs transitent par Beauvais, mais nous en voyons qui arrivent ici directement, parce qu’ils savent que la Croix-Rouge fait ce travail. Nous les réorientons vers la préfecture de l’Oise », explique Jean-Pierre Cambien.



En centre d’hébergement ou dans la rue

Depuis le début de l’année, ce sont plusieurs dizaines de demandeurs d’asile que la Croix-Rouge laonnoise a accueillis, « beaucoup venus d’Afrique, mais aussi d’Europe centrale, d’Albanie et même du Tibet », précise le bénévole. Pour ces réfugiés, cette domiciliation postale est indispensable afin, notamment, de recevoir les courriers de l’administration. « Ils peuvent aussi recevoir chez nous des lettres plus personnelles », note Jean-Pierre Cambien. Chaque lundi, une bénévole de l’association envoie un SMS aux personnes qui ont reçu du courrier et leur indique à quel moment elles peuvent le retirer le lendemain auprès de Jean-Pierre Cambien. « Très souvent, ces personnes n’ont pas de pièce d’identité mais, paradoxalement, elles ont leur acte de naissance », constate le bénévole, qui relève surtout que « neuf fois sur dix, elles ont un téléphone portable », seul lien avec leur pays et unique moyen d’être contacté par l’administration. Quand ils arrivent dans l’Aisne, ces réfugiés ont, normalement, déjà une solution d’hébergement d’urgence. Mohamed Lamine n’a pas eu cette chance. « J’ai appelé, mais il n’y avait pas de place. Je dors donc dans la rue », confie le Guinéen.


Première aide d'urgence

Quand ils arrivent à la Croix-Rouge, les demandeurs d'asile - parfois des familles avec enfants - sont évidemment démunis. L'association leur apporte donc une première aide d'urgence. « Nous avons notamment des petits kits sanitaires » explique Jean-Pierre Cambien. La Croix-Rouge peut également  leur fournir une aide alimentaire et  des vêtements si nécessaire.

Philippe Robin

L'union - le 30/09/2017